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Episode 10 – Nghia Duong & Victor Teyssedre

Dès les premières notes, la musique de Nghia et Victor nous transporte vers des paysages à la fois sauvages et familiers : un univers folk sensible où chaque respiration nous rapproche de ce fameux « good place » chanté par Bobby Charles.

Bonjour Nghia et Victor, d’où venez-vous ?

N : Salut, moi c’est Nghia, je suis né au Vietnam où j’ai appris la guitare en autodidacte. Après un parcours d’ingénieur qui m’a conduit à Nice, je me suis mis à la contrebasse (le déclic étant la vidéo d’un concert où Brassens chante « Les Copains d’abord »), qui m’a ensuite amené à vivre à Aix-en-Provence puis à Marseille depuis un peu plus d’un an.

Je participe à pas mal de projets de mes amis, que j’ai rencontrés pour la plupart au conservatoire d’Aix-en-Provence (LMN Trio, Elise Vassallucci Quartet, Solar Quartet, Cyrille Lévy Projette, Virago, Triophonic, …) et mon bébé musical est un big band de 17 personnes qui s’appelle le Kinship Orchestra.

V : Hello, je m’appelle Victor, je suis principalement guitariste/bassiste. Après avoir surtout joué du blues/rock depuis l’enfance, j’ai fait mes études à Aix-en-Provence, notamment au conservatoire où j’ai découvert énormément de nouvelles musiques, et rencontré beaucoup de musiciens talentueux. J’ai plusieurs projets de cover comme le trio Blue Shot (Funk/Blues) ou le duo Cannelle (Pop/Ballad), mais également pas mal de compositions en M.A.O/Musiques électroniques, moins officielles.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

N : On s’est rencontrés en 2017 au Conservatoire en classe Jazz, où pendant trois ans nous avons partagé le même atelier, bien sympathisé, et également partagé notre passion pour la musique folk / bluegrass. Victor a quitté le Conservatoire en 2020, et nous nous sommes un peu perdus de vue jusqu’à ce mois de Septembre, où tu m’as proposé cette live session, à cette période je réécoutais énormément ce répertoire folk/acoustique et j’ai pensé à lui pour revenir à ces sonorités.

Pouvez-vous nous parler un peu des trois morceaux que vous nous jouez aujourd’hui ? Quelles ont été les démarches d’arrangement et de composition ?

V : Le premier morceau est un arrangement de « Sugar Maple », composé par l’excellentissime Noam Pikelny, banjoïste des Punch Brothers. J’ai retranscrit la partie banjo pour la guitare folk, un gros défi pour retrouver les mêmes couleurs et intervalles à la guitare. Nghia a ensuite trouvé et arrangé une partie qui accompagne le thème.

N : Le second morceau est celui que j’écoutais en boucle à la période où tu m’as proposé cette captation, et c’est le premier morceau dont j’ai parlé à Victor. C’est un morceau de Bobby Charles qui a été repris en live par les Punch Brothers et le groupe Watchhouse. Au départ je l’entendais comme une chanson d’amour romantique mais à force de le chanter, je me rends compte que ça évoque un amour plus vaste (pour un ami, pour un animal…).

V : Le troisième est la seule composition de notre jeune duo, je suis parti d’un thème composé il y a plus d’un an, et pour lequel je n’avais pas encore trouvé de contexte ou de complémentarité, jusqu’à le proposer à Nghia.

Dans « I Must Be in a Good Place Now », on découvre la voix enchanteresse de Nghia, déjà connu pour ses talents de compositeur/arrangeur pour ensembles grands formats et de contrebassiste hors pair : est-ce qu’on aura la chance de la réentendre sur scène ?

N : Merci pour ces mots doux ! J’ai commencé à chanter avant de jouer de la contrebasse, c’est comme ça que j’ai appris la musique, en m’accompagnant à la guitare. Dans le retour à ce son folk, il y a eu aussi cette démarche de retour à la voix, pourquoi pas l’étendre jusqu’à la scène mais pour l’instant je la réapprivoise.

Dans le dernier morceau, le pedalboard  a atterri aux pieds de Nghia tandis que Victor conserve la guitare acoustique : une forme de pied de nez au poncif habituel « les pédales d’effet au guitariste, la contrebasse plante les clous »?

V : Au départ je pensais jouer cette composition à l’électrique pour l’utiliser moi-même, mais quand j’ai vu que Nghia avait la possibilité de se brancher dessus avec un piezo, j’étais très curieux de voir ce qu’il allait en faire, et il a vraiment bien maîtrisé et vite adopté ces outils. Je voulais marier les sonorités folk (Julian Lage, Nathan Salsburg, Ralph Towner), à une facette plus orchestrale qui se rapproche de la musique Ambient (William Basinski, Tim Hecker, Floating Points), et le son de de la contrebasse dans ce pédalier est une belle découverte. Bravo Nghia !

Et pour la suite, quels sont vos projets ?

N : On va probablement arranger ou composer quelques autres titres pour les enregistrer en studio et en faire un EP.

Vos 3 albums d’île déserte ?

N : Pas facile ! Je vais plutôt te donner 3 albums auxquels je pense pas mal en ce moment :

Roxy & Elsewhere – Frank Zappa and the Mothers

Jasmine – Keith Jarrett & Charlie Haden

The Phosphorescent Blues – Punch Brothers

V : 

The Eraser – Thom Yorke

Dropped Pianos – Tim Hecker

All Ashore – Punch Brothers

Merci infiniment d’avoir répondu à notre invitation ! 

Nghia

Victor