RéMiLab

Son & Image

Episode n°6 – Ludovic Crimi & Dorian Selmi

Où il est question pour ce sixième épisode d’un duo aux influences multiples, voguant entre l’énergie du hard bop et la richesse harmonique et rythmique du jazz contemporain. De passage à Marseille au cœur de l’été, Ludovic Crimi (piano) et Dorian Selmi (batterie), exilés respectivement aux Pays-Bas et en Suisse pour leurs études musicales, ont fait une halte le temps d’un après-midi caniculaire à l’Oustalet.

Bonjour Ludovic et Dorian, merci d’avoir répondu à notre invitation ! Pouvez-vous vous présenter un peu ? 

Ludovic :

Je suis pianiste et batteur, je suis né à Marseille et j’ai commencé très tôt la musique par la batterie et l’initiation musicale par le piano. Je suis rentré au conservatoire de Marseille où j’y ai appris les percussions classiques. J’y ai fait un petit peu de piano mais plus en autodidacte pour le jazz. J’avais un groupe de rock et blues, avec lequel j’ai beaucoup joué, je faisais des jams sessions jazz avec mes parents aussi : j’ai toujours eu un lien avec le piano et le jazz, jusqu’à ce que je découvre Bill Evans et une Histoire de la Musique dans laquelle j’ai eu le besoin de me plonger et de comprendre. Après quelques années en jazz au conservatoire à Marseille et à mener mon trio de l’époque, je suis rentré au Conservatoire d’Amsterdam où je suis actuellement en fin de Master de piano jazz, 

Dorian :

Je suis marseillais d’origine et me suis expatrié en Suisse depuis six ans pour mes études. J’ai terminé l’année dernière un cursus bachelor/master en percussions classiques dans lequel j’ai principalement étudié la musique écrite contemporaine et la musique classique orchestrale. Parallèlement à ça , je me suis pas mal intéressé aux percussions traditionnelles et à la batterie . J’essaie autant que possible d’être touche-à-tout et de ne pas me focaliser uniquement sur un style musical en particulier. Ce qui me plait c’est de passer de l’opéra au jazz avec un détour par le rock progressif dans la même semaine.

Comment vous êtes-vous connus? Avez-vous l’habitude de jouer ensemble?

On s’est connu d’un groupe d’amis du lycée que nous avons toujours. On n’a jamais vraiment décidé de jouer ensemble bien que l’envie ne manquait pas jusqu’à très récemment, de part le fait que nos chemins musicaux ont été assez différents : ma réelle passion pour le jazz pour moi, et les études de percussions classiques et contemporaines pour Dorian nous ont éloigné géographiquement, mais nos goûts musicaux se sont toujours rejoints dans d’autres styles de musique tel que le rap, hip-hop, la funk, le jazz moderne et expérimental, les musiques du monde. Il y a 3 ans nous avons commencé l’aventure et joué en duo dans les rues d’Arles l’été. L’année d’après nous avons entrepris une tournée sur Marseille avec le Marsbop Trio, dans lequel on s’appropriait des standards de jazz à notre sauce, du bebop au hip-hop, du free-jazz au funk en quête de recherche d’esthétique, de progrès personnels et d’expériences musicales.

Pouvez-vous nous parler des morceaux que vous avez choisi d’enregistrer pour cette session ? 

Les deux morceaux de Horace Silver (ndlr : « Peace » et « Summer in Central Park ») retranscrivent assez bien mes « crush » musicaux de ces dernières années, mon amour pour ces périodes musicales que sont le hard bop et le post bop et la quête de reprendre des morceaux de ces périodes et d’y rajouter du langage et une esthétique d’un certain jazz moderne américain que je perçois comme tel.

On sent l’inspiration assez forte de Tigran Hamasyan dans la composition qui ouvre cet épisode : est-ce le cas ?

Tigran est un pianiste hors du commun par sa technique, son goût et son identité musicale puissante. Il a influencé des générations de pianistes et de musiciens après et même avant lui, et pas seulement dans le jazz ! Il est difficile de ne pas être influencé par Tigran Hamsyan quand on fait du piano jazz et qu’on aime le jazz moderne, pour le flow de notes et les idées rythmiques. J’ai beaucoup pensé à lui pour cette composition, mais j’ai été aussi très influencé par un autre pianiste : Rob Araujo. Vous reconnaîtrez sans doute en l’écoutant l’influence qu’il a pu avoir sur moi et sur cette composition. En termes esthétique et rythmique, j’aime également beaucoup Glenn Zaleski, moins connu, mais dont les albums trio ont toujours une influence sur ce que je fais.

Pour les deux morceaux de Horace Silver, dans quel état d’esprit, quelle esthétique avez-vous cherché à mettre en valeur ?

Pour « Peace » et « Summer in Central Park », j’essaie de ne garder qu’une seule trame du morceau et d’avancer librement harmoniquement à l’intérieur, dans le but de créer davantage une ambiance qu’une « version » du morceau en question.

Si vous deviez vous retrouver sur une île déserte sans musique illimitée en streaming, quels sont les 3 albums que vous choisiriez ?

Ludovic :

Rob Araujo « Loading »

Coltrane « The Lost Album »

Freddie Hubbard « Live at Keystone Corner »

Dorian :

Steve Reich « Music for 18 Musicians »

Darryl Reeves « Mercury »

Tortoise « TNT »

Le mot de la fin ?

Ludovic :

Merci Pythagore.

Dorian :

Moins de keufs, plus de caf !


Ludovic

Dorian


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *