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Episode 14 – Coline Fourment & Maryline Ferrero

D’un club enfumé de la Nouvelle Orléans d’entre deux guerres aux rives bordées de dattiers d’une cité ancienne, Coline Fourment et Maryline Ferrero remontent aux sources du jazz, entre swing et songeries nocturnes.

Bonjour Coline et Maryline, bienvenue à l’Oustalet ! Et si vous nous parliez un peu de votre parcours ?

C : Bonjour Rémi et Paola ! Merci pour votre invitation ! 

J’ai toujours beaucoup chanté, beaucoup, je comblais le silence par le chant, ma mère m’a inscrite à la maîtrise des Bouches-du-Rhône. J’y suis restée quatre ans, jusqu’à ma sixième. Parallèlement j’ai fait un peu de piano au conservatoire ainsi que dans des écoles de musique du Var. Après le conservatoire, je suis entrée dans un groupe de chants judéo-espagnols dirigé par la chanteuse Françoise Atlan. Durant mon adolescence je me suis intéressée plus particulièrement aux arts plastiques. Arrivée à la faculté j’ai finalement replongé à fond dans la musique, et j’ai choisi des études de musicologie jusqu’à l’obtention de mon master. En parallèle je suis entrée au conservatoire en classe de chanson française dirigée par Pierre Gueyrard, en classe de musiques actuelles dirigée par Thierry Riboulet puis Laurent Elbaz et enfin en classe de jazz dirigée par Jean-François Bonnel. Aujourd’hui je continue uniquement mon parcours en jazz, et je suis des cours d’arrangements et d’orchestrations au conservatoire de Marseille.

M : J’ai commencé par prendre des cours particuliers de piano à 10 ans, je jouais les compositions de ma prof, des morceaux plutôt variés, mais pas de « classique ». A l’adolescence j’ai fait un stage de jazz à Chaillol avec Yves Laplane et là j’ai commencé à vraiment accrocher. Le jeu en groupe et l’improvisation surtout. J’ai fait des études de Lettres modernes et en parallèle je suivais les cours de jazz au conservatoire d’Aix. J’ai finalement arrêté mes études de lettres pour me consacrer à la musique. J’ai eu le statut d’intermittent et j’ai été engagée au conservatoire de Pertuis pour donner des cours d’atelier jazz et de piano. Globalement je joue beaucoup de jazz (Nouvelle Orléans, standards, bebop) et de plus en plus, dans des groupes de compositions plus « hybrides ». (Salon Milord, Coline Quintet, LMN trio)

On vous a déjà vues ensemble sur scène, comment vous êtes vous connues ?

C : Dans la classe de Jean-François Bonnel, je me souviens j’étais très impressionnée par Maryline, j’étais nouvelle et elle était déjà loin dans les études. 

M : Au conservatoire d’Aix-en-Provence, nous nous sommes retrouvées dans le même atelier de jazz. Par hasard, je crois. C’est parti de là.

Parlez-nous de ce que vous nous jouez aujourd’hui : deux standards de jazz et une composition de Coline. Pourquoi ces choix ?

M : Ces choix parce qu’ils retracent notre rencontre musicale. Ensemble nous avons commencé par jouer un répertoire très traditionnel comme « Shimmy like my sister Kate » ou ce tube bebop « In walked Bud ». Aujourd’hui, dans le Coline quintet, on se retrouve dans un projet de création autour de textes en français, dans un autre univers. J’aimais bien l’idée de raconter notre histoire, en musique, dans votre studio.

Quelle est l’histoire de cette composition ?

M : Quand Coline m’a fait découvrir sa composition, j’ai pensé à la BD « Adrastée », de Mathieu Bablet. J’ai toujours ces images en tête quand on la joue. C’est l’histoire que je me suis faite de sa composition.

C : La composition, « L’homme la nuit », est à l’origine un tableau que j’ai peint ( c’est d’ailleurs celui qui figure sur la pochette de notre EP Crépuscule ! ). C’est l’histoire de la nuit qui est personnifiée en l’homme la nuit, il erre dans les rêves à la recherche de sa cité détruite. Je crois que cette chanson a plu à Maryline, d’où le choix de l’ajouter à la setlist ! (d’ailleurs j’ai presque fini l’intégrale d’Adrastée, c’est vrai que l’univers est commun !)

Coline, qu’est-ce qui t’inspire quand tu écris tes textes ? Comment fais-tu la connexion avec les mélodies et les arrangements pour les musiciens avec qui tu joues ? 

C : Je m’inspire de tableaux, de bandes dessinées, de paysages, de lieux où je passe, d’émotions fortes que je vis. Il y a parfois les mélodies qui viennent en premier, et parfois c’est le texte (c’est plus rare).  Pour les arrangements, je ne voulais pas arriver avec rien à donner aux musiciens, et comme je n’aime pas trop parler, c’est plus clair pour moi de venir avec des choses écrites. Après on en parle, on peut modifier certaines choses dans les structures et dans l’écriture mais au moins on commence avec des bases posées. Je suis contente de prendre des cours sur ce sujet ! L’arrangement est un monde fascinant.

Maryline, on ressent dans ton jeu pianistique les influences du swing traditionnel et du stride mais aussi certains accents plus « Monkiens » : quels sont les pianistes qui t’inspirent ? 

M : Wynton Kelly, Ahmad Jamal, Count Basie, Thelonious Monk (bien vu!), Pierre de Bethmann… entre autres.

Vous avez sorti récemment un EP avec le Coline quintet (où figure d’ailleurs également « L’homme, la nuit ».) Quelle est l’histoire de cet EP ?

C : Et bien, je voulais que mes compositions et les arrangements à cinq soient mis en avant et “figés”. Les musiciens qui m’aident à porter ce projet sont assez exceptionnels, nous sommes cinq ce qui rend le projet plus compliqué à vendre. Pendant plus d’un an j’arrivais avec des compositions et des arrangements mais pas beaucoup de concerts, ils sont quand même restés. Je les en remercie beaucoup ! Faire ce CD redonne un nouveau souffle, une nouvelle visibilité et un peu plus de chance que ce projet perdure. Nous l’avons enregistré dans un studio que nous connaissions, le studio Manuel à Aix-en-Provence, ce qui rend l’histoire de cet EP encore plus belle ! 

D’autres projets ou concerts à venir dont vous aimeriez nous parler ?

C : Oui, attends voir… Hmmm.. (Coline tourne les pages de son agenda) 

– Le 20 mai à Lyon avec Medusa (mon groupe de cumbia). Il faut aller voir sur nos réseaux nous avons plein d’autres dates ! Et je joue de la trompette !

– Le 26 mai à l’espace Hypérion avec Luiza Trio (avec France Duclairoir et Maryline Ferrero)

– Le 9 juin avec le Big Band de Pertuis en concert d’ouverture du Spirit of Swing Festival (je remplace la chanteuse officielle exceptionnellement)

– le 25 juin à l’after Beach avec le Coline Quintet.

En tout cas je mets tout sur les réseaux !

M : Oui, deux projets en tête : le LMN trio, avec Léo Achard à la batterie et Nghia Duong à la contrebasse. Nous présenterons un nouveau répertoire de compositions et de reprises à l’automne. (hôtel C2, Roll’ studio, Petit duc) et le Solar Quartet : un projet de jazz tout terrain destiné à jouer hors des salles, grâce à l’énergie solaire. Habituellement en tournée estivale dans les Cévennes, nous restons local cette année et jouerons dans la région PACA. (Beaurecueil, Lamanon, Montjustin)

Pour finir, la petite question rituelle qui nous en dit encore un peu plus sur vous : quels sont les trois albums que vous avez le plus écoutés récemment ?

C : Et bien actuellement  j’écoute l’intégrale de Billie Holiday, je dois bientôt la rendre il faut que je me dépêche ! Le live de Carmen McRae à Tokyo en 1986, je suis submergée par la voix de Carmen McRae, avec le jeu du contrebassiste je trouve qu’ils ont un son vraiment uni ! Et en ce moment je pense à mon père, j’écoute donc Graeme Allwright, l’album Jour de clarté sorti en 1968 avec des reprises de Leonard Cohen. 

M : Récemment je me suis replongée dans ces albums : « La vie d’ici bas » de Minvielle, « Dinner music » de Carla Bley et « As good as it gets » de Jimmy Rowles.

Merci à vous !

C : Non merci à vous !

M : Merci à vous de nous avoir invitées !

Coline

Maryline


Remerciements également à Théa Kasprac (maquillage) et Alexandra Vergnies (coiffure) de l’école Terrade Sud-Est, avec qui nous entamons un nouveau partenariat pour magnifier les artistes qui passent sous les feux de nos projecteurs !